Le Radeau de la Méduse

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Une oeuvre de Théodore Géricault, présentée par Bruno Chenique


Le 17 juin 1816 la frégate « La Méduse » avait quitté Rochefort avec deux autres vaisseaux afin de récupérer le Sénégal, un ancien comptoir africain. L’expédition avait été confiée à Hugues Duroy de Chaumareys, un ancien émigré âgé de 53 ans qui n’avait pas navigué depuis 1795. Le 2 juillet 1816, suite à son incompétence, la frégate s’échoua sur le banc d’Arguin, au large de l’actuelle Mauritanie. Tous les efforts de remise à flot furent vains. Le nombre restreint des chaloupes fut la cause de la construction d’un vaste radeau de 20 mètres sur 7 où allaient s’entasser près de 147 personnes. Très vite, il s’avéra impossible de le remorquer et l’ordre fut donné de couper l’amarre qui le reliait aux chaloupes. C’était le début d’une atroce odyssée qui devait durer 13 jours. Après des rixes et des scènes de cannibalisme, il ne restait plus qu’une quinzaine de naufragés qui, le 17 juillet, furent sauvés par le brick L’Argus. Deux rescapés, Savigny et Corréard, en publiant le récit de leur malheur, allaient être à l’origine d’un important scandale politique.  

Après un an et demi de labeur, Géricault présenta son grand tableau (4,91 x 7,16 m) au Salon de 1819. Pour des raisons politiques, le titre fut censuré : il était inscrit au livret comme une simple Scène de naufrage. Malgré ce stratagème visant à l’intemporalité, Le Radeau de la Méduse obtint un grand succès populaire mais aucun critique d’art n’osa écrire que c’était un homme de couleur qui occupait la place principale du héros. De fait, il s’agissait d’une subtile condamnation de la Traite et de l’esclavage.   

Cultivant l’indépendance financière et politique (une lettre à son ami Horace Vernet rédigée à la mi-mars 1820 est un véritable brûlot politique qui le classe alors du côté des ultras libéraux, c’est à dire l’extrême gauche de l’époque), Géricault décide d’exposer son Radeau de la Méduse à Londres, à l’Egyptian Hall (10 juin 1820). L’exposition ferme le 30 novembre après avoir connu un très vif succès et accueilli plus de 40.000 visiteurs.

Théodore Géricault, Le radeau de la Méduse, Ancien titre : Scène de naufrage (Titre du Salon de 1819), par Théodore Géricault, Hauteur : 4,91 m ; Largeur : 7,16 m, huile sur toile, 1818-1819, conservé au Musée du Louvre, Département des Peintures. © Wikimedia Commons

 

 

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