Airbus, une réussite européenne

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Article de Clair Juilliet, docteur en histoire, spécialiste d’histoire aéronautique, économique et sociale


Comme le TGV, qui effectue ses premiers essais en mars de la même année, le lancement de l’Airbus A300 est emblématique d’une époque qui connaît un essor considérable de la mobilité. Mais la logique d’État qui prévaut dans le projet TGV laisse place dans le cas d’Airbus à une logique de marché, dans un domaine fortement concurrencé par les Américains Boeing, Lockheed ou McDonnell Douglas.

Un Groupement d’intérêt économique (GIE), consortium associant des entreprises juridiquement indépendantes (Aérospatiale, Deutsche Airbus, rejointes en 1972 par Construcciones Aeronáuticas Sociedad Anónima [CASA]) unies autour du projet, est créé le 18 décembre 1970 sous le nom d’Airbus Industrie.

Le GIE Airbus

Le GIE est en particulier chargé de la coordination industrielle du projet et de la commercialisation des appareils. En 1972, son capital se répartit entre la France (47,9 %), la RFA (47,9 %) et l’Espagne (4,2 %). Sa fondation marque la naissance et la formalisation d’une collaboration internationale industrielle multipartite en matière d’aéronautique civile.

 À la différence de la période précédente, Airbus marque une évolution des logiques de développement aéronautique et d’intervention des États. En effet, la logique d’arsenal – c’est à dire de liens forts avec l’État en matière notamment d’achat-vente – qui présidait jusqu’alors est remise en cause au profit d’une logique commerciale dans laquelle l’objectif est de vendre des appareils à des compagnies aériennes. Même s’ils constituent toujours des acteurs importants, notamment en termes de financement des projets, le poids des États dans l’industrie aéronautique civile tend à décliner peu à peu à partir des années 1970.

Trente années d’avancées

En juillet 1978, le lancement de l’A310 (premier vol le 3 avril 1982), à plus large rayon d’action que l’A300B, marque une nouvelle étape dans la construction d’Airbus et la naissance d’une gamme d’appareils. D’ailleurs, la Grande-Bretagne fait son retour dans le projet à la fin de la décennie pour participer à la fabrication de l’appareil. Ainsi, les années 1970 représentent un premier temps fort dans l’émergence d’une industrie aéronautique européenne sous l’effet de la création du GIE Airbus et des rapprochements des différents pays, intégrés ou non à la Communauté économique européenne (CEE), à l’image de la Grande-Bretagne ou de l’Espagne. Une nouvelle étape dans la diversification de la gamme intervient le 2 mars 1984 avec le lancement de l’A320 (premier vol le 22 février 1987), qui amène avec lui d’importantes innovations – notamment les commandes de vol électriques – et se révèle plus tard comme le best-seller d’Airbus. Deux autres appareils sont développés à partir de la fin des années 1980, les A330 et A340. Le 11 juillet 2000, le GIE laisse sa place à une entreprise multinationale privée, European Aeronautic Defence and Space (EADS), créée par fusion de l’Aérospatiale, de la Deutsche Airbus et de CASA.

La trajectoire d’Airbus, de 1970 à nos jours

 Au terme du processus, les acteurs du projet, qui se rattachaient à des contextes aéronautiques, politiques, économiques et sociaux différents, sont ainsi parvenus à coopérer ensemble et à faire émerger une gamme d’appareils capables de concurrencer leurs homologues étasuniens. Peu à peu, des années 1970 aux années 2000, ils ont mis en place un système industriel complexe, organisé autour d’une spécialisation nationale et territoriale des sites de fabrication disséminés un peu partout en Europe, avec deux usines principales d’assemblage, Toulouse et Hambourg. Au XXIe siècle, sous l’effet de la conquête des marchés, un processus similaire – mais conduit au niveau mondial – est en cours avec l’ouverture de nouvelles lignes d’assemblages (Chine, États-Unis, Canada) et d’une diversification toujours plus importante de la gamme proposée par le constructeur Airbus (A220, A380, A350, etc.).

Crédit photo :

Illustration de l’article : Chaîne d’assemblage d’Airbus A330 à Toulouse (France), en 2007 © Wikicommons

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