Prière sur l’Acropole d’Ernest Renan

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Lecture par Samir Siad. Introduction d'Yves Bruley.


« L’impression que me fit Athènes est de beaucoup la plus forte que j’aie jamais ressentie. Il y a un lieu où la perfection existe ; il n’y en a pas deux : c’est celui-là. »

 

Beaucoup de grands livres d’Ernest Renan – L’avenir de la science, ou la Vie de Jésus – ont fait date et sont restés célèbres. Mais un texte, de quelques pages seulement, a marqué profondément la fin du XIXe siècle et fait figure de document historique sur cette époque : c’est la Prière sur l’Acropole, publiée une première fois en 1876 et reprise en 1883 dans les Souvenirs d’enfance et de jeunesse.

Le séjour que Renan fit à Athènes ne remonte pourtant pas à sa jeunesse mais à 1865 : le philologue, déjà très célèbre et très contesté, avait 43 ans. Il écrivait alors son Histoire des origines du christianisme et cherchait à comprendre, à Athènes même, le passage que fit dans cette ville l’apôtre saint Paul, évoqué ici avec mépris. De cette rencontre manquée entre le christianisme naissant et la culture grecque, nait une méditation sur la place de l’Acropole dans l’histoire des civilisations.

« La destinée unique du peuple juif, aboutissant à Jésus et au christianisme, m’apparaissait comme quelque chose de tout à fait à part, écrit-il dans l’introduction de la Prière sur l’Acropole. Or voici qu’à côté du miracle juif venait se placer pour moi le miracle grec, une chose qui n’a existé qu’une fois, qui ne s’était jamais vue, qui ne se reverra plus, mais dont l’effet durera éternellement, je veux dire un type de beauté éternelle, sans nulle tache locale ou nationale. »

Mais cette ample réflexion sur la civilisation est inséparable d’un retour sur son propre destin. « Les heures que je passais sur la colline sacrée furent des heures de prière, écrit-il. Toute ma vie repassait, comme une confession générale, devant mes yeux. »

À travers son parcours personnel – sa Bretagne natale, qu’il évoque en termes poétiques, le culte chrétien de sa jeunesse, dont il garde une forme de regret sensible – il retrace le parcours de la civilisation depuis la Grèce antique. Le monde s’est perdu dans une romanité guerrière, puis est passé des dieux antiques au christianisme, s’est complu dans un Moyen Âge grossier ou barbare ; enfin, dans la douleur et « au prix de longs efforts », il revient vers la beauté et la Raison, dont l’Acropole est le temple et la métonymie. « Le monde ne sera sauvé qu’en revenant à toi », lance-t-il en conclusion de texte conçu comme une prière à Pallas Athéné, la déesse grecque de la sagesse.

Écoutons la célèbre « Prière que je fis sur l’Acropole, quand je fus arrivé à en comprendre la parfaite beauté », d’Ernest Renan, lue pour France Mémoire et Canal Académies par le comédien Samir SIAD.

Crédits photos :

Illustration de l’article : Le Parthénon, Frederic Edwin Church (1871) © The Metropolitan Museum of Art

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