Le tour du monde de Loti, 1e escale : le baptême de Loti

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Le choix de Bianca Biaggi, membre du conseil d’administration de l’AIAPL


À 22 ans, Julien Viaud / Harry Grant n’est pas encore Pierre Loti. Officier de Marine à bord de la Flore, il fait escale de janvier à mars 1872 à Tahiti où il découvre les charmes de la Polynésie. Il y reçoit le nom qu’il rendra célèbre, Loti, comme les fleurs tropicales ornant les têtes des prêtresses de cette singulière cérémonie de baptême.  

Loti fut baptisé le 25 janvier 1872, à l’âge de vingt-deux ans et onze jours.Lorsque la chose eut lieu, il était environ une heure de l’après-midi, à Londres et à Paris.

Il était à peu près minuit, en dessous, sur l’autre face de la boule terrestre, dans les jardins de la feue reine Pomaré, où la scène se passait.

En Europe, c’était une froide et triste journée d’hiver. En dessous dans les jardins de la reine, c’était le calme, l’énervante langueur d’une nuit d’été.

Cinq personnes assistaient à ce baptême de Loti, au milieu des mimosas et des orangers, dans une atmosphère chaude et parfumée, sous un ciel tout constellé d’étoiles australe.

C’étaient : Ariitéa, princesse du sang, Faïmana et Téria, suivantes de la reine, Plumket et Loti, midshipmen de la marine de S.M. Britannique.

Loti, qui, jusqu’à ce jour, s’était appelé Harry Grant, conserva ce nom, tant sur les registres de l’état civil que sur les rôles de la marine royale, mais l’appellation de Loti fut généralement adoptée par ses amis.

La cérémonie fut simple ; elle s’acheva sans longs discours, ni grand appareil.

Les trois Tahitiennes étaient couronnées de fleurs naturelles, et vêtues de tuniques de mousseline rose, à traînes. Après avoir inutilement essayé de prononcer les noms barbares d’Harry Grant et de Plumket, dont les sons durs révoltaient leurs gosiers maoris, elles décidèrent de les désigner par les mots Rémuna et Loti, qui sont deux noms de fleurs.

Toute la cour eut le lendemain communication de cette décision, et Harry Grant n’exista plus en Océanie, non plus que Plumket son ami.

Il fut convenu en outre que les premières notes de la chanson indigène : “Loti taïmané, etc…” chantées discrètement la nuit aux abords du palais, signifieraient : “Rémuna est là, ou Loti, ou tous deux ensemble ; ils prient leurs amies de se rendre à leur appel, ou tout au moins de venir sans bruit leur ouvrir la porte des jardins…” 

Pierre Loti, Le Mariage de Loti, 1880

Un grand merci à Marie-Ange Gerbal et aux membres de l’Association Internationale des Amis de Pierre Loti pour ce voyage en 10 escales, qui aurait pu nous mener encore bien plus loin !

Pour en savoir plus sur l’association, c’est ici.

Crédits photos :

Illustration de la page : Paul Gauguin, Femme au fruit, 1893 © WikiCommons/Musée de l’Hermitage (Saint-Pétersbourg)

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