Le tour du monde de Loti, 2e escale : Aziyadé
RETOUR AU DOSSIERLe choix d'Agnès Jarry-Lacombe, secrétaire générale de l’AIAPL
1876 est pour Loti l’année de la découverte de la Turquie, de la rencontre avec Aziyadé, et le début de l’amour inconditionnel qu’il portera durant toute sa vie à ce pays, miroir de toutes ses aspirations.
Qui me rendra ma vie d’Orient, ma vie libre et en plein air, mes longues promenades sans but, et le tapage de Stambul ?
Partir le matin de l’Atmeïdan, pour aboutir la nuit à Eyoub ; faire, un chapelet à la main, la tournée des mosquées ; s’arrêter à tous les cafedjis, aux turbés, aux mausolées, aux bains et sur les places ; boire le café de Turquie dans les microscopiques tasses bleues à pied de cuivre ; s’asseoir au soleil, et s’étourdir doucement à la fumée d’un narguilhé ; causer avec les derviches ou les passants ; être soi-même une partie de ce tableau plein de mouvement et de lumière ; être libre, insouciant et inconnu ; et penser qu’au logis la bien-aimée vous attendra le soir.
Quel charmant petit compagnon de route que mon ami Achmet, gai ou rêveur, homme du peuple et poétique à l’excès, riant à tout bout de champ et dévoué jusqu’à la mort !
Le tableau s’assombrit à mesure qu’on s’enfonce dans le vieux Stamboul, qu’on s’approche du saint quartier d’Eyoub et des grands cimetières. Encore des échappées sur la nappe bleue de Marmara, les îles ou les montagnes d’Asie, mais les passants rares et les cases tristes ; – un sceau de vétusté et de mystère – et les objets extérieurs racontant les histoires farouches de la vieille Turquie.
Il est nuit close, le plus souvent, quand nous arrivons à Eyoub….Nous allumons nos lanternes pour rejoindre le logis – ce petit logis si perdu et si paisible, dont l’éloignement même est un des charmes.
Pierre Loti, Aziyadé, 1879, Extrait : Eyoub à deux – VII
Un grand merci à Marie-Ange Gerbal et aux membres de l’Association Internationale des Amis de Pierre Loti pour ce voyage en 10 escales, qui aurait pu nous mener encore bien plus loin !
Pour en savoir plus sur l’association, c’est ici.
Crédits images :
Jules-Joseph Lefebvre, Odalisque, 1874 © WikiCommons/Art Institute of Chicago