La mort de Molière en débat

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Une séance non académique imaginée par l'ensemble des élèves de Mme Boutaud


Entrée de Liesse, le président de séance, celui qui organise le débat.

Maxence : Je vous remercie de bien vouloir accueillir Monsieur le Duc de Khider spécialiste de la question et grand maître de cérémonie

Liesse : Comme en son temps Charles Perrault, lui-même, dans son long poème « Le Siècle de Louis XIV » a lancé la grande dispute appelée la Querelle des Anciens et des Modernes, nous déclarons ouverte la séance qui relance le débat autour de la question qui agite toute la France à la veille de l’anniversaire des 350 ans de la mort de Molière :

Maxence : Le 17 février 1673, Molière surmené est-il mort brutalement d’une mauvaise bronchite ? Ou bien, condamné par une longue maladie, a-t-il voulu faire de son dernier rôle son ultime chef d’œuvre comique ?

 Maxence : Telle est la question que nous vous soumettons aujourd’hui mes chers confrères !

Lina, très sérieuse : Pour commencer, je souhaiterais attirer votre attention sur le fait que tout le monde sait aujourd’hui que Molière est mort subitement de la grande grippe qui sévissait en 1673.

Adam, hautain et en colère : Baliverne, c’est une hérésie ! Il se savait malade. Il a donc écrit le rôle d’Argan taillé sur mesure sur ses états d’âme pour parler de sa maladie !

Ilan, outré : C’est une simple coïncidence, Voyons !

César B., en tapant du pied : Non !

Octave, en accord avec Adam : Assurément, nous sommes d’accord. Le Malade imaginaire, c’est son testament !

Louis, en regardant tout le monde : Ignorants !

Adrien : Ah ! non ! c’est un peu court, jeune homme !

Selma : Descriptif : « C’est un roc ! … c’est un pic ! … c’est un cap !
Que dis-je, c’est un cap ? … C’est une péninsule ! »

Liesse : Messieurs !  Messieurs ! s’il, vous plaît soyons sérieux ! Revenons à nos moutons !

Teshan : Bêêêêh !!

Liesse : Soyons sérieux, vous dis-je, ne nous égarons pas ! Que Cyrano ait fréquenté Molière est un autre débat ! Reprenons, Messieurs s’il vous plaît !

Samuel, très sûr de lui : C’est évident, il est mort subitement, comme l’écrit La Grange dans son registre. Après une quinte de toux provoquée par la grippe qu’il avait contractée comme beaucoup de ses contemporains cet hiver 1672, soudainement une veine s’est rompue. Paf ! Couic !

Léo, exaspéré : Ce n’est pas le sujet ! La grange, La grange, et puis quoi encore ? La ferme aussi ?

Teshan : Bêêêh !

Marie-Marguerite, maternelle : Allons, Messieurs, cessons ces enfantillages de basse-cour !

Teshan : Cocorico !

Adrien : Grâcieux : « Aimez-vous à ce point les oiseaux
Que paternellement vous vous préoccupâtes
De tendre ce perchoir à leurs petites pattes ? »

Liesse : Allons, allons ! Du calme ! Soyons sérieux, l’heure est grave ! Reprenons, Messieurs s’il vous plaît !

César L., se raclant la gorge d’un ton docte et sérieux : Si Molière se savait malade, il n’aurait jamais écrit un rôle aussi fatigant que celui d’Argan !

César B, en colère et criant très fort : Non !

Louis, pointant son doigt vers tous les participants: Ignorantus !

Violette, très animée: Bien sûr, il n’aurait jamais pu assumer ce rôle étant malade, il serait évidemment trépassé bien avant la quatrième représentation !

Cindy, d’un ton très assuré : Et bien justement, il était malade, quatre représentations, c’est peu de chose !

César B., toujours en colère : Non !

Louis : Ignorantum

Ibtissam, l’air mystérieux: Moi je dis ça, je ne dis rien, mais je ne vous apprends rien si je vous dis qu’il a été empoisonné ! Il parait même que c’est Armande, qui aurait… Moi je dis cela mais…je ne dis rien…

Samuel, accablé et soufflant comme exaspéré : Alors, si les complotistes s’y mettent ! Et pourquoi pas la covid 19 tant que vous y êtes !  

Léo, appuyant sur l’article « le » et comme un professeur à ses élèves: Le covid, on dit le covid !

César B., toujours en colère : Non !

Liesse, agacé et essayant de reprendre le contrôle de la situation: Arrêtez ! Messieurs s’il vous plaît. Là, n’est pas le débat. Cessez d’aboyer !

Teshan : Miaou !

Ilan, bégayant et appuyant sur les « P » : Parfaitement, apoplexie ; pleurésie ; pneumonie !

Louis, en criant : Mais oui, le poumon, le poumon, vous dis-je !

Ouliana, surprise : Quoi, Molière est mort ?

Liesse, en colère et ironique : Cela en est trop ! Sur quoi allons-nous débattre à présent ! Pain au chocolat !

Teshan : Chocolatine !

Anton, grandiloquent, exagérant son ton: Non, Molière, n’est pas mort étouffé, il est mort brusquement ! sans crier gare, personne ne s’y attendait !

Ouliana, l’air étonné: Quoi, vous étiez-là ?

Emmanuele, très sérieux : Apprenez que c’est tout de même une coïncidence de taille : Molière joue le malade et meurt peu de temps après ! Donc, il se savait condamné !

César B. : Non !

Louis, toujours criant : Ignorants ! Ce sont tous des ignorants !

Violette : J’ai cru lire dans la gazette d’Amsterdam du 9 mars 1673 que Molière fit tant d’effort pendant deux heures pour satisfaire le public en jouant le rôle d’Argan qu’il mourut de surmenage deux heures après.

César B. : Non !

Louis : C’est le poumon ! le poumon, n’est-ce pas ?

Lina, l’air entendu: En effet, Molière, souffrait vraisemblablement d’une maladie pulmonaire depuis 1666, il succomba alors à un anévrisme des poumons, après bien des souffrances !

Samuel, cruel : Paf ! Couic ! Mort le Molière !

Anton, très en colère : Je ne peux pas vous laisser dire cela ! Quelle preuve est-ce que cette gazette ? Molière a été surpris par la mort ! Ni lui, ni ses proches ne s’attendaient à cela.

César L. : En pleine gloire, dans la force de ce rôle épuisant, il a tiré sa révérence !

Liesse : Tout comme vous, Messieurs, Messieurs, le temps est venu de conclure !

César B., toujours très en colère : Non !

Louis : Tous des ignorants !

Selma :

 Enfin parodiant Pyrame en un sanglot :
« Le voilà donc ce nez qui des traits de son maître
A détruit l’harmonie ! Il en rougit, le traître ! »

Ouliana, l’air inquiet :  Quel sanglot ? Qui pleure ? Molière est mort ?

Tous ensemble, sauf Ouliana à qui tout le monde répond : Mais non, bien vivant ! Il est bien vivant Molière !

César, s’adressant à chacun des élèves présents : Non et Non !

Teshan, l’air malicieux de celui qui fait un bon mot : Bon vivant surtout !

Marie-Marguerite, pragmatique : Et bien, il faudrait savoir ?

Tous ensemble, l’air heureux : Et bien on le sait ! Il est vivant et bien vivant !

César B. : Non !

Liesse, pressé d’en finir et comme un commissaire-priseur: Vivant est votre dernier mot, Messieurs ! Vivant une fois, vivant deux fois, vivant trois fois ! Adjugé vendu ! Molière est vivant !

Adrien, l’air satisfait : Et bien mes chers confrères, nous voilà tous d’accord. Que diriez-vous d’aller boire un verre à sa santé !  

César B, pour la première fois l’air enjoué : Oui !

Louis, entre ses dents, presque murmurant : Ignorants !

Tous ensemble, avec joie : Molière est mort, vive Molière ! À Molière ! À Molière !

Liesse, l’air épuisé s’essuyant le front avec un mouchoir en trébuchant : Messieurs, la séance est levée !

Crédits photos :

Illustration de l’article : Dessin de costume pour M. Diafoirus dans Le Malade imaginaire, par Marcel Mültzer © Gallica/BnF

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