Refondation de l’Académie de Marine

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Par l'Académie de marine


La création de l’Académie de Marine, au milieu du XVIIIe siècle, s’inscrit dans la dynamique des progrès scientifiques de cette époque. C’est en effet pour permettre à tous les marins de profiter des avancées considérables que connaissaient les sciences nautiques à l’époque de Louis XV que quelques officiers se réunissent alors pour discuter de ces découvertes et en diffuser les résultats. Des rencontres informelles sont organisées à Brest chez le capitaine de vaisseau Bigot de Morogues depuis 1749, conduisant en 1752 à la création dans cette ville de « l’Académie générale pour tous les ports » : dernière-née des académies d’Ancien Régime elle reçoit en 1769, sur le rapport favorable de plusieurs savants, dont Duhamel du Monceau, le titre d’Académie royale.

Elle doit traiter de « tout ce qui a rapport à la marine », et elle a une activité importante, réduite toutefois par les périodes de guerre, lorsque les officiers sont en mer ou au combat. Des réunions hebdomadaires traitent des domaines dans lesquelles les perfectionnements sont les plus importants : construction navale, arrimage des vaisseaux, mais aussi détermination de la longitude, pour l’amélioration de laquelle l’Académie peut prêter aux officiers des instruments capables de fournir les mesures les plus précises.  Afin de développer le plus largement possible la diffusion des sciences nautiques, l’Académie doit constituer une bibliothèque et se lancer dans la rédaction d’un dictionnaire, qui est publié dans l’Encyclopédie méthodique, partie marine (publiée par S.-H. Vial Du Clairbois entre 1783 et 1787).

Dissolution, substitution et reconstitution

Comme les autres académies, l’Académie de Marine est supprimée le 8 août 1793. Deux ans plus tard, la veille de sa dernière séance, le 25 octobre 1795, la Convention crée l’Institut de France regroupant les cinq Académies, dont l’Académie des Sciences. Dès le 25 juin 1795, est également fondé le Bureau des Longitudes, chargé de publier les données nécessaires à l’application des nouvelles mesures décimales, ainsi que les éphémérides.

Mais les besoins auxquels répondait l’Académie royale de Marine ne sont pas totalement couverts par ces nouvelles institutions au sein desquelles on retrouve plusieurs académiciens de l’Académie de Marine. Certains des membres du Bureau des Longitudes, en particulier, ne manquent pas de signaler que les questions maritimes n’y trouvent pas toute leur place et que l’évolution des sciences nautiques nécessite encore accompagnement et formation. À plusieurs reprises, entre 1810 et 1816, des mémoires sont adressés au ministre de la Marine pour lui demander la reconstitution d’une Académie dédiée aux sciences maritimes.  Malgré l’intérêt de ces mémoires et la qualité de leurs propositions, en particulier celui que publie Dupin en 1815, ce n’est qu’en 1921 que l’Académie est reconstituée.

Une séance solennelle, à laquelle participe le Président de la République, se déroule le 28 octobre 1921 dans l’amphithéâtre Richelieu de la Sorbonne. Le discours inaugural du ministre de la Marine salue la continuité des missions de l’Académie et la nouvelle compagnie se voit chargée de « provoquer le développement des hautes études concernant les questions maritimes et de reprendre ainsi l’œuvre de l’ancienne académie de Brest ». L’Académie est reconstituée au sein de la Ligue maritime et coloniale, mais ce statut évolue rapidement. En effet, il ne permet pas à l’Académie de réaliser le programme qui lui a été fixé, tant par les limites qui lui sont imposées dans le choix de ses membres que par celles qui entravent sa gestion budgétaire ; mais surtout les objectifs de la Ligue et ceux de l’Académie sont tout à fait différents. Aussi la loi de finances du 19 décembre 1926, lui confère-t-elle le statut d’Établissement public de l’État, statut qui est toujours le sien actuellement.

 

À lire :

Académie de Marine 1752-2002, Académie de marine, 2002 (publié en 2002 à l’occasion des 250 ans de l’Académie)

François Bellec « La refondation et les refondateurs » Communications et mémoires avril juin 2012

Etienne Taillemite « L’Académie de Marine : une histoire tourmentée » Chronique d’histoire maritime septembre 2002, n° 42, p. 37-43 https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb34363866j

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