Puissance des mouches, vanité de l’homme

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Fragment 81 des Pensées, lu par William Mesguich, comédien et metteur en scène, commenté par Laurence Plazenet, professeure de Littérature à l’université Clermont Auvergne


Le fragment 81 des Pensées appartient à une liasse intitulée « Vanité ». Pascal s’y emploie à humilier l’homme, fier de sa raison et de son intelligence, bouffi d’orgueil, certain qu’il est un juge « souverain » du monde. Surgit un animal minuscule et vibrionnant. Il bourdonne à nos oreilles. Plus de raison. Plus d’intelligence. Plus de maîtrise de soi. Le roi est nu : c’est un bouffon.  O ridicolisissimo heroe ! 

Pensées, 81 

L’esprit de ce souverain juge du monde n’est pas si indépendant qu’il ne soit sujet à être troublé par le premier tintamarre qui se fait autour de lui. Il ne faut pas le bruit d’un canon pour empêcher ses pensées. Il ne faut que le bruit d’une girouette ou d’une poulie. Ne vous étonnez point, s’il ne raisonne pas bien à présent, une mouche bourdonne à ses oreilles. C’en est assez pour le rendre incapable de bon conseil. Si vous voulez qu’il puisse trouver la vérité, chassez cet animal qui tient sa raison en échec et trouble cette puissante intelligence qui gouverne les villes et les royaume 

Le plaisant dieu que voilà ! O ridicolosissim[o] heroe ! 

 

Manuscrit des Pensées, 81 © Gallica BNF

 

 

Blaise Pascal, Pensées, in L’Œuvre, édition établie et présentée par Pierre Lyraud et Laurence Plazenet, Paris, « Bouquins », 2023, p. 1084. La numérotation des Pensées est celle de l’édition établie par Philippe Sellier sur la copie C2.

© copyright musique : My lady careys dompe ; Auteurs : Tasto Solo. Album : Early Modern English Music: 1500 -1550, 2017.

Crédits image : Still Life with a Vase of Flowers, Melon, Peaches, and Grapes Charlotte Eustache Sophie de Fuligny Damas, marquise de Grollier  1780© Met Museum

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