Napoléon III vu par les écrivains : Victor Hugo

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Victor Hugo, « Napoléon III », Châtiments, livre VI, poème 1. (Jersey, décembre 1852)


Dans ce poème satirique des Châtiments intitulé « Napoléon III », Victor Hugo, depuis son exil, apostrophe en vers un empereur honni.                                                                                         

Donc c’est fait. Dût rugir de honte le canon, 

Te voilà, nain immonde, accroupi sur ce nom ! […]

C’est pour toi qu’on livra ces combats inouïs !

C’est pour toi que Murat, aux Russes éblouis,

Terrible, apparaissait, cravachant leur armée !

C’est pour toi qu’à travers la flamme et la fumée

Les grenadiers pensifs s’avançaient à pas lents !

C’est pour toi que mon père et mes oncles vaillants

Ont répandu leur sang dans ces guerres épiques !

Pour toi qu’ont fourmillé les sabres et les piques,

Que tout le continent trembla sous Attila,

Et que Londres frémit, et que Moscou brûla ! […]

Que Lannes d’un boulet eut la cuisse coupée,

Que le front des soldats, entrouvert par l’épée,

Saigna sous le shako, le casque et le colback,

Que Lassalle à Wagram, Duroc à Reichenbach,

Expirèrent frappés au milieu de leur route,

Que Caulaincourt tomba dans la grande redoute,

Et que la vieille garde est morte à Waterloo !

C’est pour toi qu’agitant le pin et le bouleau,

Le vent fait aujourd’hui, sous ses âpres haleines,

Blanchir tant d’ossements, hélas ! dans tant de plaines !

Faquin ! – Tu t’es soudé, chargé d’un vil butin

Toi, l’homme du hasard, à l’homme du destin ! […]

 
 

Victor Hugo, « Napoléon III », Châtiments, livre VI, poème 1. (Jersey, décembre 1852)

Crédit image : Crédit image : L’illustration n°1454 7 janvier 1871 © Bibliothèque de l’Institut

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