Napoléon III vu par les écrivains : Alexis de Tocqueville

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Alexis de Tocqueville, Souvenirs,


Entre 1850 et 1851, Alexis de Tocqueville écrit ses Souvenirs et brosse un portrait nuancé de l’homme qui se cache derrière l’empereur.

Il était très supérieur à ce que sa vie antérieure et ses folles entreprises avaient pu faire penser à bon droit de lui. […] Louis Napoléon avait, comme homme privé, certaines qualités attachantes ; une humeur bienveillante et facile, un caractère humain, une âme douce et même assez tendre, sans être délicate, beaucoup de sûreté dans les rapports, une parfaite simplicité, une certaine modestie pour sa personne au milieu de l’orgueil immense que lui donnait son origine. […] Son intelligence était incohérente, confuse, remplie de grandes pensées mal appareillées, qu’il empruntait tantôt aux exemples de Napoléon, tantôt aux théories socialistes, quelquefois aux souvenirs de l’Angleterre où il avait vécu ; sources très différentes et souvent fort contraires. […] S’il avait une sorte d’adoration abstraite pour le peuple, il ressentait très peu de goût pour la liberté. Le trait caractéristique et fondamental de son esprit, en matière politique, était la haine et le mépris des assemblées. Le régime de la monarchie constitutionnelle lui paraissait plus insupportable que celui même de la république. L’orgueil que lui donnait son nom, qui était sans bornes, s’inclinait volontiers devant la nation, mais se révoltait à l’idée de subir l’influence d’un parlement.

Alexis de Tocqueville, Souvenirs, (écrits en 1850-1851, publiés en 1893)

Crédit image : Gravure de Henri Félix Emmanuel Philippoteaux, Louis-Napoléon incarcéré au fort de Ham, 1853 © Commons Wikimedia. 

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