Naissance de l’entomologiste Jean-Henri Fabre

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Notice rédigée par France Mémoire


Savant universel, Jean-Henri Fabre a écrit sur des sujets aussi variés que la géographie, la géologie, les sciences de la terre, la chimie et les mathématiques. Auteur prolifique, ses manuels scolaires furent largement diffusés, et salués comme de remarquables outils pédagogiques. Ses recherches en entomologie et botanique sont, encore aujourd’hui, des références en la matière. 

Instituteur et pédagogue

Jean-Henri Fabre grandit dans l’Aveyron, dans une famille modeste de paysans. Il bénéficie de l’enseignement d’un collège religieux gratuit et, très jeune, révèle des dispositions pour le grec et le latin. À 17 ans, il est reçu premier au concours de bourse de l’École Normale d’Instituteurs. Après avoir effectué sa formation en deux ans au lieu de trois, il devient instituteur puis professeur de physique, d’abord en Corse puis à Avignon. Autodidacte confirmé, il étudie seul et obtient de nombreux diplômes dont une licence en sciences naturelles et un doctorat en sciences. C’est lors de l’une de ses expériences sur la chimie appliquée à l’agriculture et à la botanique qu’il rencontre Victor Dury, alors ministre de l’Instruction publique de Napoléon III. Ce dernier lui remet la légion d’honneur et lui confie la création de cours publics et gratuits à Avignon, portant sur la botanique, les sciences de la nature et la chimie. Ces cours, dispensés par Jean-Henri Fabre, attirent de nombreuses personnalités de l’époque dont Stéphane Mallarmé et le philosophe John Stuart Mill, qui deviendra un ami proche de l’entomologiste.

Souvenirs Entomologiques

Très attaché à la Provence, Jean-Henri Fabre achète en 1879 la maison nommée l’Harmas, à Sérignan-du-Comtat, qui devient un véritable « laboratoire vivant d’entomologie ». C’est dans cette maison qu’il rédige durant trente années les Souvenirs Entomologiques, une somme en dix volumes dans laquelle sont décrites en détails ses observations des insectes. Ce travail remarquable de précision met en lumière les mœurs des insectes, restituées au lecteur dans un langage simple et clair, ce qui lui valent quelques détracteurs dans le monde scientifique. Ses méthodes de travail inspirent également la méfiance de ses pairs et des habitants alentours. En effet, Jean-Henri Fabre n’utilise qu’une loupe, qu’il emmène partout avec lui et il n’est pas rare de le voir allongé des heures durant dans un champ pour observer le mode de vie des insectes. Certains chercheurs vont jusqu’à remettre en cause les observations décrites dans Souvenirs Entomologiques, accusant Jean-Henri Fabre d’affabulation et arguant de l’impossibilité de réaliser certaines études à l’œil nu. D’autres se méfient de ses méthodes de travail très indépendantes car l’entomologiste, principalement autodidacte, n’est rattaché à aucune institution et effectue l’ensemble de ses recherches dans sa maison, entouré de sa famille, souvent mise à contribution. Malgré les nombreux prix qu’il reçoit de l’Académie des sciences, les résultats des travaux de Jean Henri Fabre font débat, jusqu’à l’apparition de caméras extrêmement précises au XXe siècle qui confirment les observations du chercheur et mettent fin aux controverses. Souvenir Entomologique connaît malgré tous un fort succès. Vendu à plusieurs millions d’exemplaires et traduit en treize langues, il est diffusé notamment au Japon, où le rapport à la nature de Jean-Henri Fabre se rapproche des croyances bouddhistes japonaises.

Botaniste et poète

Si l’entomologiste éclipse souvent le botaniste, Jean-Henri Fabre était également un botaniste hors pair.  Dès l’âge de vingt ans, il commence un gigantesque herbier, qui réunit à la fin de sa vie plus de dix mille échantillons de plantes. Conservé à Sérignan, cette collection est aujourd’hui intégrée à l’herbier du Museum National d’Histoire Naturelle. Passionné par la Provence, Jean-Henri Fabre n’a de cesse de l’étudier, et entame avec son ami John Stuart Mill la réalisation d’une flore du Vaucluse. Ce projet est abandonné à la mort du philosophe mais sera tout de même partiellement publié. Durant sept années, il étudie les champignons du Mont Ventoux, situé à proximité de sa maison de l’Harmas, et les reproduit sur près de sept-cent planches d’aquarelles, louées pour leur précision scientifique.

Proposé à deux reprises par l’Académie française pour le prix Nobel de littérature, Jean-Henri Fabre était un poète accompli. Membre de l’association Félibrige, dont l’objectif est la sauvegarde de la langue d’oc, il publie des recueils de poèmes en français et en provençal. Il compose également une série de pièces musicales, réalisées sur l’harmonium de sa maison de l’Harmas. À sa mort en 1915, Jean-Henri Fabre laisse derrière lui une œuvre complète, à la fois scientifique et littéraire. Ses recherches en entomologie et en botanique, extrêmement riches et variées, introduisent un rapport nouveau à la nature, fondé sur le respect et l’observation in situ.

Sources :

Yves Delange, Jean-Henri Fabre et Louis Pasteur, conversation au bord de la Sorgue, L’Harmattan, 2011

Richard Moreau (dir.) Yves Delanges et Paul Ozenda, Naturalistes oubliés, savants méconnus, L’Harmattan, 2013.

Antoine Magnin « L’Entomologiste Jean-Henri Fabre, botaniste, membre correspondant de la Société de Lyon » Annales de la Société botanique de Lyon, tome 43, 1922 pp.41-50.

 

 

 

 

Crédits photos :

Illustration de la page d’accueil : Album du jeune naturaliste, ou l’oeuvre de la création représentée dans une suite de 700 gravures. Eymery  Alexis et Jarle  1830 © Gallica/BNF

Illustration du chapô : Portrait de Jean-Henri Fabre par Félix Nadar avant 1910 © Wikimedia Commons

Illustration de l’article : Paysage de Provence, vue de Saint Saturnin les Apt peinture de Paul Camille Guigou, 1867 © Wikimedia Commons/ Petit Palais musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris.

Illustration de bas de page : Jean-Henri Fabre à l’âge de 60 ans”. Photographie publiée dans une réédition de Souvenirs entomologiques, série, 11, Paris, Delagrave, 1924, planche X, © Wikimedia Commons

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