3/10 – L’économie

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Si le début de la révolution industrielle en France est antérieur au Second Empire, c’est sous Napoléon III que les industries se transforment et se développent le plus rapidement. Doublement de l’investissement industriel qui permet la mécanisation et les progrès techniques ; triplement de la consommation de charbon (il faut même en importer car la production française ne s’accroit pas assez) ; quadruplement des machines à vapeur comme des niveaux de production de l’acier et de la fonte. La percée des industries modernes liées à l’essor du chemin de fer est très nette : les mines, les constructions mécaniques, et surtout la sidérurgie. Celle-ci se modernise radicalement dès les années cinquante, en adoptant les nouvelles techniques et formant de grands groupes. En 1869, Le Creusot, tenu par Schneider, réunit 10000 ouvriers et représente à lui seul 10% de la production sidérurgique française. L’industrie chimique est aussi en plein développement, avec Saint-Gobain, Perret, Kuhlmann et les débuts de Péchiney.

Si la grande industrie est l’aspect le plus spectaculaire, l’industrie textile est de loin la première industrie française et confirme son rôle moteur, avec deux millions de travailleurs (sur les 4,3 millions du secteur secondaire). Mais en dépit des progrès techniques, elle reste très dispersée (notamment en milieu rural), avec des structures et des méthodes traditionnelles. Elle devra s’adapter rapidement après les crises des années soixante, conséquences de la guerre de Sécession aux Etats-Unis, d’où est importée une grande partie du coton.

Dans les grandes villes, le Second Empire est une période euphorique dans l’alimentation, le luxe, et surtout le bâtiment grâce aux grands chantiers urbains. Cette économie est encore très largement artisanale : petites entreprises (1 patron pour 3 ouvriers en moyenne), faible mécanisation. Les villes attirent une main d’œuvre rurale abondante.

L’agriculture fait vivre la moitié de la population française. La production progresse (plus de 20% en moins de vingt ans). Elle profite de l’essor des transports, de l’augmentation des terres cultivées, du recul de la jachère, des progrès de la chimie et de l’outillage. L’agriculture du Bassin parisien est très prospère, mais l’inégalité entre les régions reste forte. A côté des exploitations florissantes, les petits exploitants augmentent peu leur productivité  et leurs techniques restent archaïques.

À la fin du Second Empire, le secteur tertiaire, en pleine transformation, représente 21% de la population active, le secondaire 29% et le primaire 50%. La croissance aura connu une belle décennie (les années cinquante, avec + 40% de croissance agricole et + 10% dans l’industrie) avant le net retournement des années 1858-1862, puis une remontée à la fin du règne. La France n’a pas repris son retard sur l’Angleterre, mais elle a posé les bases d’une grande période industrielle, notamment grâce à la modernisation de ses structures bancaires.

Yves Bruley, maître de conférences HDR à l’École Pratique des Hautes Études, directeur de France Mémoire

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Illustration de l’article :

Bannière : Forgeage au marteau-pilon dans les ateliers d’Indret, de l’arbre coudé d’une frégate à hélice de 600 chevaux, par François Bonhommé, 1865 ©WikiCommons/Écomusée du Creusot

Bas de page : Magasins de verrerie de MM. Duponchel et Gosse fils, estampe de 1863 © Paris Musées/Musée Carnavalet

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