La maison-musée La Fontaine à Château-Thierry

RETOUR AU DOSSIER

Nicolas Rousseau, directeur du musée Jean de La Fontaine


Depuis 1876 où elle devient en premier lieu musée des Beaux-Arts, la maison qui vit naître Jean de La Fontaine à Château-Thierry en 1621, il y a 400 ans, accueille les visiteurs curieux de découvrir le lieu où vécut et travailla l’écrivain à diverses époques de sa vie. Cette demeure Renaissance a gardé ses belles façades et ses salles de réception, préservant ainsi l’atmosphère d’un lieu habité où se reflète la présence de l’écrivain. Mais le lieu est surtout un véritable musée, qui conserve des témoignages uniques de la vie de l’auteur, ainsi que des collections d’éditions rares des fables et des contes, d’illustrations et d’objets inspirés au fil des siècles par le fabuleux bestiaire de La Fontaine. 

Agréablement située sur les bords de la Marne entre Paris et Reims, la ville de Château-Thierry porte fièrement les couleurs de son passé et de son avenir. Elle s’enorgueillit d’être la ville natale d’un homme célèbre, Jean de La Fontaine, peut-être né mais baptisé le 8 juillet 1621, et d’accueillir les visiteurs et les touristes dans une très belle maison du XVIe siècle, située au 12 de la rue portant son nom. C’est la maison natale du grand fabuliste et celle de ses parents, achetée en 1617 au moment de leur mariage et devenue musée.

Située entre cour et jardin, la maison a été construite à la Renaissance (la date de 1559 était gravée à droite de la porte). Elle garde des éléments de sa décoration première : des pilastres aux trois ordres classiques encadrant les fenêtres à meneaux, une belle corniche où se mêlent trois croissants entrelacés, chiffre de Diane de Poitiers, favorite de Henri II, montrant ainsi qu’elle a été construite pour un personnage de noblesse de robe lié au baillage et au présidial de Château-Thierry. 

Aujourd’hui musée, cette belle maison de pierre accueille des collections liées à la vie et à l’œuvre de Jean de La Fontaine mais également à l’influence que les fables et les contes ont exercé dans les arts décoratifs, dans les produits manufacturés, dans l’édition, dans l’illustration… depuis le XVIIsiècle jusqu’à Chagall et de Dali et qui inspirent encore les artistes d’aujourd’hui. 

Le musée et ses collections répondent à deux objectifs : raconter la vie de Jean de La Fontaine en la replaçant dans son contexte social, politique et littéraire – sa vie à Château-Thierry où il exerce la charge de maître des Eaux et Forêts, son génie littéraire, ses protecteurs parmi lesquels se comptent Nicolas Fouquet et Madame de La Sablière, son élection à L’Académie française le 2 mai 1684, sa personnalité. Enfin, il s’agit de montrer comment les œuvres de La Fontaine ont connu un succès exceptionnel dans le domaine des arts décoratifs et de l’édition, souvent grâce au concours d’artistes de qualité ou encore dans le cadre de productions plus sérielles (objets de consommation courante, objets publicitaires,…). La diversité de ses déclinaisons montre que ce thème des fables, genre littéraire trouvant ses origines dès l’Antiquité et objet de divertissement dans les salons du XVIIe siècle, est devenu un élément de l’imaginaire collectif des Français, transmis par l’Institution scolaire du XIXe siècle au profit d’une vision moralisatrice, éludant tout propos licencieux des contes. 

Le visiteur se trouve dès son entrée dans une ambiance de maison habitée. La maison a vécu après La Fontaine et chaque siècle a apporté sa marque. La salle dite du XVIIe siècle, sans doute le salon de réception de la famille par ses vastes dimensions, le portrait de La Fontaine, copie d’atelier de Hyacinthe Rigaud, et la représentation de membres de sa famille telle que Marie Héricart, son épouse, ou de ses protecteurs, attendent le visiteur pour le replonger dans l’époque.  

Les lambris Rocaille de la salle XVIIIe servent d’écrin pour présenter l’influence de l’œuvre de La Fontaine dans le domaine des arts décoratifs, du décor, de la peinture et de l’édition : oeuvres de J.B Oudry, tapisseries d’Aubusson, tableaux et mobilier illustrent les fables et certains contes. 

Entrant dans le XIXe siècle, le visiteur peut ensuite s’intéresser à l’influence de l’œuvre de La Fontaine dans le domaine de l’Edition (Illustrations de Gustave Doré, Grandville, Benjamin Rabier…), mais également aux produits de grande consommation (vaisselle, produits manufacturés), des objets d’artisanat populaire mais aussi de grandes toiles peintes telle que celle de Léon Lhermitte représentant « la mort et le bucheron », dépôt du musée d’Orsay. Depuis peu, quelques éléments de la collection du baron Feuillet de Conches, dont les fonctions au sein du ministère des Affaires étrangères au XIXe siècle ont permis de faire illustrer les fables par de nombreux artistes étrangers, sont présentés au public et sortent des réserves. 

Le cabinet de travail du poète semble encore imprégné de sa présence. Ce lieu, petit et intime, propre à la réflexion et à l’étude, est la seule pièce où l’on sache qu’il travaillait là, au premier étage d’une aile de la maison dotée d’un escalier particulier aujourd’hui disparu. Dans ce lieu isolé du reste de la maison, Jean de La Fontaine écrivait ses fables et ses contes, de même qu’il exerçait sa charge de maître des Eaux et Forêts. Une sorte d’antichambre précède la pièce. Des éditions rares des fables y sont présentées, trouvant ici toute leur place et rendant hommage à notre grand poète qui se disait paresseux mais qui était en réalité un grand travailleur.   

Un charmant jardin offre le secours du repos et permet d’admirer la belle façade arrière de cet hôtel particulier ouvert au public. 

Le devenir du musée est plein d’ambition : une nouvelle présentation des collections permettra, tout en conservant le caractère intime d’une maison habitée, d’offrir au public de plus grands espaces d’expositions, d’améliorer l’accueil et d’utiliser des instruments de médiation permettant à tous les publics de mieux connaître Jean de La Fontaine, l’homme et l’écrivain.  De même, la portée internationale de son oeuvre dont les fables sont connues dans le monde entier, trouvera légitimement sa place pour rendre hommage à notre grand fabuliste, une des gloires de notre pays. 

 
Print Friendly, PDF & Email
Retour en haut