« Il était le collègue à qui on pouvait demander une aide scientifique »

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Article d’Yves Jeannin, membre correspondant de l’Académie des sciences, professeur émérite à l’université Pierre et Marie Curie


Marc Julia exerçait ses activités d’enseignement et de recherche au sein de l’École Normale Supérieure. Il a cependant toujours cultivé un lien étroit avec ses collègues chimistes de l’Université Pierre et Marie Curie.  Ainsi assistait-il aux séminaires organisés par ses collègues organiciens de Jussieu. Il y venait avec sa courtoisie et sa gentillesse habituelle, avec ses immenses connaissances scientifiques ; il était toujours facile de discuter avec lui. Ainsi nous avait-il un jour raconté être entré dernier à l’ENS, premier sur la liste complémentaire. Il avait ajouté avec malice : « Je n’ai jamais connu le nom du camarade qui a eu la bonne idée de démissionner, m’ayant ainsi laissé sa place. »

Le groupe des chimistes de l’Université Pierre et Marie Curie (Chimie Physique, Chimie Inorganique, Chimie Organique) était organisé autour de deux commissions, l’une consacrée à l’enseignement, l’autre consacrée à la recherche. Ils avaient tout naturellement confié les rênes de la Commission Recherche à Marc Julia. Ce n’était pas une mince affaire car il fallait répartir les crédits et donc discuter et approuver les projets d’implantation de gros équipements ; les crédits s’avéraient toujours insuffisants, comme vous le savez. Dès lors, classer les projets présentés par la communauté avec la participation de tous suscitait une discussion que Marc Julia a su gérer avec beaucoup de doigté. Sans doute son aura scientifique et sa diplomatie bienveillante lui ont permis de créer au sein de la Commission une atmosphère de confiance et de respect mutuel. Ce climat a en effet perduré pendant de nombreuses années au-delà de son mandat de président. Ses collègues de Jussieu lui en sont redevables, car ils en ont tiré un bénéfice certain.

Son attachement à la communauté des chimistes avait amené Marc Julia à réserver le meilleur accueil à ceux qui, pour les besoins de leurs recherches, devaient utiliser des équipements lourds qui n’existaient que dans son laboratoire. Avec obligeance, il était le Collègue à qui on pouvait demander une aide scientifique, si précieuse pour celui qui en bénéficiait.

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Illustration de l’article : Université Pierre et Marie Curie, façade de l’ancien “campus Cuvier” © Wikicommons

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