Fondation de l’Académie royale d’architecture

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Notice tirée du catalogue d’exposition « L’Empreinte d’une institution disparue : l’Académie royale d’architecture à l’aune de sa bibliothèque (1671 -1793) ».


Instituée sous Louis XIV par Colbert, l’Académie royale d’architecture, placée sous l’autorité directe du surintendant des Bâtiments, est composée à l’origine de seulement six académiciens, nommés par le roi et bénéficiant du titre et des privilèges d’architecte du roi. François Blondel, professeur d’architecture et de géométrie de l’académie, en est le directeur, assisté d’André Félibien, premier secrétaire perpétuel.

Les missions de la nouvelle compagnie sont énoncées par François Blondel lors de la première séance du 31 décembre 1671, au petit hôtel Richelieu :

  • définir le « bon goût », en partant de l’étude des Anciens et des auteurs de la Renaissance, pour élaborer une théorie de l’architecture et tenter de concevoir une esthétique « à la française » ;
  • procéder à des expertises : conseiller la surintendance des Bâtiments, les corps constitués, le clergé, et même les particuliers dans leurs projets de construction et de rénovation de bâtiments ; pour cela, les académiciens n’hésitent pas à se rendre sur le terrain, expérimenter et rédiger des rapports circonstanciés ;
  • enseigner l’architecture, pour mieux encadrer et garantir une profession que l’on voulait distinguer des maîtres maçons, mais aussi dans une volonté d’harmonisation et de rationalisation des pratiques.

Des prérogatives théoriques et aussi pratiques

La création de l’académie en 1671 n’est accompagnée d’aucun statut. L’institutionnalisation de la compagnie se réalise en plusieurs étapes tout au long de son existence. Le 2 février 1699, Jules Hardouin-Mansart, nouveau surintendant des Bâtiments, se rend à l’académie  pour confirmer solennellement son organisation : une réunion hebdomadaire pour les conférences, deux leçons publiques par semaine. C’est sous la surintendance de son successeur, le duc d’Antin, que les lettres patentes de 1717 offrent à l’Académie royale d’architecture sa confirmation officielle, entérinant les décisions de 1699.

À la fin du XVIIIe siècle, l’académie peut comporter jusqu’à 32 académiciens, de première et seconde classes, auxquels s’ajoutent les membres associés libres et les correspondants, français et étrangers. L’influence de l’académie est très importante en France, mais aussi à l’échelle du continent européen jusqu’à la Russie, et dans le Nouveau Monde.

L’enseignement de l’école de l’académie ne se réduit pas à un cours de pure théorie architecturale.  Les élèves bénéficient rapidement de leçons de « mathématiques », enseignées dans toute leur diversité : géométrie, mécanique, hydraulique, architecture militaire, perspective, coupe des pierres, ainsi que cela a été défini dès la séance inaugurale de l’académie par François Blondel. Le résultat, recherché et atteint, est la constitution de l’architecture comme une matière savante, du ressort des arts libéraux en opposition aux arts mécaniques, accentuant l’écart de statut avec l’ar tisan, le goût se formant par comparaison des auteurs de la tradition et non par l’expérience de la construction. L’objectif est également de limiter les abus financiers, en instaurant un corps d’architectes loyaux envers le roi, indépendants des liens familiaux  et corporatistes.

Les cours peuvent faire l’objet de copies manuscrites, ou de publications. Si la publication des cours eux-mêmes n’est pas assurée par l’académie, celle-ci joue un rôle important dans l’édition des livres d’architecture, puisqu’à partir des lettres patentes de 1717, obligation lui est faite d’en contrôler le contenu.

Colbert ne se soucie pas seulement de l’étude des monuments  antiques, mais aussi directement des missions sur le terrain que doivent effectuer les académiciens. Ainsi, en 1678, trois d’entre eux sillonnent Paris et ses environs, pour examiner les pierres des bâtiments anciens, et visiter les carrières de Paris à Rouen. À partir de 1676, Antoine Desgodets, qui ne fut académicien  qu’en 1694, se rend à Rome, en compagnie de Charles d’Aviler et de Jean Foy-Vaillant, numismate. L’objectif est de réaliser des relevés extrêmement précis des monuments antiques : Le Recoeuil des estudes d’architectures […] à Rome […] dans les années 1676 et 1677  présente 48 monuments.

En 1692, l’académie quitte le Palais Brion, dépendance du Palais-Royal  où elle était installée depuis 1672, pour le premier étage de l’ancien appartement de la reine Marie-Thérèse  au Louvre. Ce déménagement est l’occasion pour André Félibien, secrétaire perpétuel, de dresser un inventaire de la bibliothèque de l’académie : seulement 9 ouvrages sont alors mentionnés. Elle en possède environ 200 –  imprimés et manuscrits – à la veille de la Révolution : une partie en est conservée aujourd’hui à la bibliothèque de l’Institut de France, une vingtaine a pu être retrouvée à la bibliothèque de l’École polytechnique, et quelques pièces à la bibliothèque centrale du Conservatoire national des arts et  métiers. Les « archives », contenant parfois de petites brochures imprimées, sont quant à elles pour la plupart aux archives de l’Académie des  beaux-arts.

Comme toutes les académies royales, l’Académie d’architecture est supprimée le 8 août 1793 par décret de la Convention.

 

Cette notice est tirée du catalogue d’exposition « L’Empreinte d’une institution disparue : l’Académie royale d’architecture à l’aune  de sa bibliothèque (1671 -1793) ». L’intégralité du catalogue (textes et iconographie) est accessible sur le site de la Bibliothèque de l’Institut de France bibliotheque_academie_royale_darchitecture.pdf (bibliotheque-institutdefrance.fr) ou téléchargeable  directement à partir de la rubrique « Documents ».

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