“Enseignement et éducation” selon Jacqueline de Romilly

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Extrait de la rentrée solennelle des cinq académies de l’année 2008

Une archive de Canal Académies

Canal Académie vous propose d’écouter le discours que Jacqueline de Romilly, de l’Académie française, a prononcé sous la Coupole lors de la séance solennelle de rentrée des cinq Académies en 2008, intitulé “Enseignement et éducation”. Il garde toute sa pertinence et son actualité…

 

Extrait :

« Tout avenir se construit en fonction d’un passé qui vous aide et vous porte plus loin. Mais la connaissance du passé, rendu vivant et présent, où la trouve-t-on ? Eh bien, avant tout, dans la littérature ! Et là est à mes yeux la merveille. On la trouve dans les textes français et étrangers, modernes ou anciens. Aussi cela me paraît-il une erreur très grave que de se représenter l’enseignement de la littérature comme une espèce d’élégance superflue et gratuite. En fait, c’est grâce à la littérature que se forme presque toute notre idée de la vie ; le détour par les textes conduit directement à la formation de l’homme. Ils nous apportent les analyses et les idées, mais aussi les images, les personnages, les mythes, et les rêves qui se sont succédé dans l’esprit des hommes : ils nous ont un jour émus parce qu’ils étaient exprimés ou décrits avec force ; et c’est de cette expérience que se nourrit la nôtre. Je sais bien que la plupart des jeunes n’y auront accès que dans les petites classes et sous une forme simple ; mais […] c’est déjà mieux que rien. Tout compte, à condition que les choses soient présentées dans un contact direct et de façon à toucher ceux qui écoutent. […] Il faut qu’il y ait un vrai contact avec ce texte, […] pour que puisse se former chez l’un ou chez l’autre, un jour ou un autre, cette réaction, soit d’indignation, soit de ferveur, qui peu à peu, s’additionnant, constitue notre être intérieur. […] Dans leur diversité même, les textes apportent aux jeunes, dit de façon frappante, ce qu’ils n’auraient jamais connu dans leur expérience propre nécessairement limitée. Ils s’en pénètrent et peu à peu, se forme ainsi une impression, presque inconsciente, mais durable, qui s’intègre à leur personnalité. Et souvent, cela reste. […] Qu’on en ait conscience ou pas, qu’on l’ait pressenti sur le moment ou pas, cela reste comme des présences cachées, presque oubliées mais ineffaçables. Et à cette présence, je précise que s’ajoute une idée, précieuse entre toutes et en notre temps, qui est l’idée même de la beauté ».

Transcription disponible en intégralité dans la rubrique “Documents”.

Crédits photos : 

Illustration de l’article : La Leçon (Bielle, l’institutrice et Claude Renoir lisant), Pierre-Auguste Renoir (1906) © Collection privée | WikiCommons

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