D’où vient le surnom d’« Organisateur de la Victoire » ?

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L’éclairage de Gilles Bertrand, Professeur émérite à l’Université de Bourgogne, Président du Conseil scientifique de l’Académie François Bourdon


C’est sous la IIIe République, dans les manuels scolaires et sur les monuments publics, que l’épithète d’ « Organisateur de la victoire » est associé au nom de Lazare Carnot. Mais le surnom trouve son origine dès 1794 dans le mot que, de son banc, crie un député de la Convention thermidorienne pour le défendre : « C’est Carnot qui a organisé la victoire ! ». Ce mot, qui devait tant marquer les esprits, renvoie au rôle que joua Lazare Carnot au cours des guerres impliquant la France révolutionnaire contre d’autres pays d’Europe coalisés à partir de 1792.

Après le 10 août 1792, Lazare Carnot est commissaire à l’armée du Rhin puis à l’armée des Pyrénées. Il a notamment pour mission de faire accepter le nouvel ordre révolutionnaire. En mars 1793, il est envoyé en mission dans le Nord et le Pas-de-Calais pour organiser la levée de 300 000 hommes et maintenir l’armée dans la loyauté à l’égard de la République après la trahison de Dumouriez.

Entre 1793 et 1794, au Comité de salut public, Carnot est chargé de l’organisation et de la direction de nos Armées. À ce poste, avec son compatriote Prieur de la Côte d’Or, il met sur pied quatorze armées rassemblant plus d’un million d’hommes et organise la mobilisation industrielle, s’appuyant sur un autre bourguignon, Guyton de Morveau, qui coordonne le travail des savants (Monge, Fourcroy, Berthollet, Hassenfratz, Chaptal) au service de la défense nationale. Mais de toutes parts des ennemis menacent la France. Carnot envoie Hoche en Vendée, Moreau et Jourdan sur le Rhin et Bonaparte en Italie. Lors de la « guerre de Vendée », Carnot rédige les décrets, votés par la Convention, pour l’élimination des « rebelles », « hors la loi » et « brigands ». En octobre 1793, envoyé comme inspecteur à l’armée du Nord, il destitue le général Gratien, pour avoir reculé sur le champ de bataille, se met lui-même à la tête des colonnes françaises, et contribue avec Jourdan à la victoire de Wattignies le 16 octobre 1793 et à la délivrance de Maubeuge. Le 26 juin 1794 c’est la victoire de Fleurus où pour la première fois dans l’histoire militaire, sur l’initiative de Carnot, on emploie un ballon (aérostat) pour se renseigner sur les mouvements de l’ennemi. De ce fait, Lazare Carnot, membre du Grand Comité, fut réélu au Comité thermidorien après la chute de Robespierre. Il quittera le Comité quelques mois plus tard, le 5 mars 1795, mais son rôle d’ « Organisateur de la victoire » lui aura épargné une disgrâce complète au moment de la réaction au régime de la Terreur.

Crédit Images : Peinture de Lazare Carnot à  Wattignies par Georges Moreau de Tours © Wikimedia Commons

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