L’œuvre savante d’Ernest Renan

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L'œuvre savante d'Ernest Renan par M. André Caquot, délégué de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres

Ce discours est prononcé à l'occasion de la Séance publique annuelle des cinq Académies du mardi 20 octobre 1992

L’CEUVRE SAVANTE D’ERNEST RENAN

par

André CAQUOT

délégué de l’Académie des Inscriptions et belles-Lettres

À son départ du séminaire de Saint-Sulpice, Renan était bien armé pour accomplir une grande œuvre savante. À une curiosité innée, au goût du travail, à l’amour de la vérité, ses maîtres de Tréguier avaient ajouté la rigueur, en lui enseignant le latin et les mathématiques. Le séminaire et la crise qu’il y avait vécue lui avaient fait découvrir le champ qu’il fallait explorer. L’esprit du temps, enfin, lui avait communiqué cette ferveur qui inspire L’avenir de la science et dont Renan ne s’est jamais tout à fait départi. Il n’est pas de plaidoyer plus éloquent que L’avenir de la science en faveur de la philologie et de ses investigations les plus minutieuses. Toute la vie de Renan, homme de science, a été vouée à la réalisation de cet idéal du philologue qu’il avait tracé dès 1848. Le jeune Renan est alors entré en philologie comme il aurait pu entrer en religion, avec autant de sérieux et autant de foi en un but sublime.

Les Cahiers de jeunesse témoignent des intérêts du novice, bien répartis entre l’exégèse scripturaire, la théologie, la philosophie et la linguistique. C’est aux deux dernières de ces disciplines qu’il donne d’abord le pas, poussé par le cours de ses études. C’est d’un travail d’étudiant que sort l’article de 1848 sur L’origine du langage, devenu livre en 1858. Renan substituait aux spéculations métaphysiques de Bonald des hypothèses génétiques à peine moins hardies, mais en faisant une grande place aux étapes de la recherche, il faisait déjà œuvre d’érudit. C’est encore ce qui donne son prix à l’Histoire générale et système comparé des langues sémitiques, issue d’un mémoire couronné par l’Institut en 1847. Pour appliquer à l’ensemble des langues sémitiques la méthode comparative que Franz Bopp avait illustrée pour l’indo-européen, Renan écrivit ce que Maurice Barrès tenait pour le plus beau de ses livres et que salua en 1855 un étonnant succès de librairie.

Dans le même temps, l’influence de Victor Cousin, qui donna une si belle impulsion aux études d’histoire de la philosophie, orientait Renan dans la préparation de ses thèses, mettant en œuvre ses compétences d’orientaliste et l’extraordinaire aisance à manier les compilations philosophiques médiévales qu’atteste sa thèse française de 1852 sur Averroës et l’averroïsme. La mission d’exploration dans les bibliothèques italiennes, qui lui avait été confiée en 1848, avait été l’occasion de maintes petites découvertes touchant le Moyen Âge. Renan a gardé pour l’histoire et la pensée de ce temps un goût manifeste dans ses érudites contributions à l’Histoire littéraire de la France.

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L’Œuvre savante d’Ernest Renan

Illustration de l’article : Carte du Liban d’après les reconnaissances de la Brigade Topographique du Corps Expéditionnaire de Syrie en 1860-1861 (1862) © David Rumsey Map Collection | Wiki Commons

 

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