9/10 – La diplomatie

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Début décembre 1848, Louis-Napoléon est élu président de la République dans un contexte de crise profonde en Europe. À Vienne, François-Joseph monte sur le trône à 18 ans tandis que son empire doit lutter contre les Hongrois. En Italie, Rome est en révolution et le pape est en fuite. La Russie entend tirer avantage de ces désordres pour s’imposer comme la puissance dominante, en Europe et en Orient. Dans ce contexte, le Prince-Président veut rassurer l’Europe : sa diplomatie ne sera pas révolutionnaire, elle veillera aux bonnes relations avec l’Angleterre et défendra l’équilibre des puissances.

Lorsqu’en 1853 la Russie tente de mettre l’Empire ottoman sous tutelle, la France et l’Angleterre s’allient pour l’en empêcher. La guerre de Crimée donne un coup d’arrêt aux ambitions russes et, grâce au succès occidentale, le concert européen est refondé. Au congrès qui a lieu à Paris au printemps 1856, la France apparaît comme la puissance la plus stable et la plus conciliante de la diplomatie européenne. Belle revanche pour le neveu de Napoléon ! Mais Napoléon III n’a pas renversé l’Europe de 1815 : il est entré dans le système et en a pris le contrôle.

Sa politique internationale se veut réformiste : il entend utiliser la puissance acquise pour conduire l’Europe à se moderniser, notamment en tenant compte des nationalités. C’est le sens de son appui à l’organisation de la Roumanie d’abord, puis à l’émancipation de l’Italie. Mais après sa victoire sur l’Autriche en 1859, les événements italiens échappent à Napoléon III et aboutissent à l’unification de l’Italie en un seul royaume (1860-1861), alors qu’il souhaitait une confédération, où l’influence française se serait substituée à l’influence autrichienne.

Au début des années 1860, la France multiplie les initiatives mondiales. Napoléon III tient tête aux Anglais en Orient, dans la crise du Liban (1860) et dans l’affaire du canal de Suez, inauguré en 1869. En Extrême Orient aussi, il s’agit de faire contrepoids à la puissance anglaise. La France s’empare d’une partie de la péninsule indochinoise et espère, en vain, jouer la carte de l’activisme diplomatique au Japon. En Amérique, la France tente de placer le Mexique sous sa tutelle, mais les États-Unis, une fois sortir de sa terrible Guerre de Sécession, anéantissent les ambitions françaises.

En Europe aussi, la France recule dans les années 1860, devant la violente expansion de la Prusse, qui établit sa domination sur l’espace germanique en 1866. À partir de 1867, le duel entre Bismarck et Napoléon III tourne à l’affrontement. La crise de juillet 1870, piège tendu par Bismarck pour précipiter une guerre qu’il estime inévitable et même nécessaire, survient alors que les traités d’alliances négociés avec l’Autriche et l’Italie ne sont pas encore conclus. La France est seule mais croit fermement dans la force de son armée, qui est pourtant vaincue par les Allemands en quelques semaines.

La politique étrangère de Napoléon III, qui sut d’abord offrir à la puissance française un incontestable apogée, se termina dans un désastre qui laissa la France affaiblie et meurtrie.

Yves Bruley, maître de conférences HDR à l’École Pratique des Hautes Études, directeur de France Mémoire

Crédits photos :

Illustration de l’article : Réception des ambassadeurs siamois par Napoléon III et l’Impératrice Eugénie dans la grande salle de bal Henri II du château de Fontainebleau, le 27 juin 1861, par Jean-Léon Gérôme, 1864 © WikiCommons/ Musée national du château de Fontainebleau

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