5/10 – Les arts

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Les tendances artistiques confirment l’impression, si forte dans tant de domaines, que le Second Empire est le grand tournant du siècle.

Ainsi, en peinture, l’art académique de Gérôme, Cabanel, Winterhalter a les faveurs de la Cour, tandis que Flandrin, Chasseriau et déjà Puvis de Chavannes peignent dans les édifices publics et les églises. Mais le réalisme s’installe avec Courbet et Millet (L’Angélus, Les glaneuses, 1857) et l’impressionnisme paraît avec Monet et Manet. La grande institution reste le Salon : il devient annuel en 1863, l’année même où le Salon des refusés est créé, avec la bénédiction de l’Empereur qui le visite. Le Salon refuse Le déjeuner sur l’herbe mais ouvrira bientôt ses portes aux débuts de Renoir ou de Cézanne. Autre voie de sortie du classicisme et du romantisme : on redécouvre la peinture du XVIIIe siècle longtemps occultée par le néoclassicisme, grâce aux Goncourt ou au collectionneur La Caze, qui lègue 580 toiles au Louvre.

En architecture, l’intérêt pour les références historiques se confirme : Viollet-le-Duc théorise l’architecture médiévale, restaure Notre-Dame de Paris et Pierrefonds à la demande de l’Empereur. Le néo-gothique et le néo-roman sont très prisés dans l’architecture religieuse, comme à Sainte-Clotilde à Paris (achevée en 1856) ou à la cathédrale de Marseille (commencée en 1855). Les références médiévales ne sont pas exclusives des inspirations de la Renaissance ou du Grand Siècle (château de Ferrières, par Joseph Paxton ; achèvement et décoration du Quai d’Orsay en 1853 ; Saint-Augustin, la Trinité, Saint-François-Xavier à Paris). Mais la tendance la plus forte est celle de l’éclectisme qui triomphe avec Charles Garnier au concours pour la construction du nouvel Opéra de Paris (1860-1875). Les progrès techniques permettent aussi des innovations comme l’architecture en fer (Labrouste à la Bibliothèque nationale ou Baltard aux Halles centrales de Paris).

En musique lyrique, le succès d’Offenbach ne doit pas faire oublier que le grand opéra à la française est à son sommet : le Second Empire voit s’achever les carrières de Meyerbeer, d’Auber ou de Berlioz (Les Troyens, 1863), se confirmée celle d’Ambroise Thomas (Mignon, Hamlet), commencer celle de Gounod (Faust, 1859). Wagner échoue avec Tannhäuser (1861) mais Verdi crée à Paris, en français, Les Vêpres siciliennes (1855) et Don Carlos (1867).

Le Paris impérial est une capitale artistique européenne. Les Expositions universelles de 1855 et 1867 font la part belle aux beaux-arts, et pas seulement à l’industrie.

Le pouvoir impérial s’implique fortement dans la vie culturelle, non seulement par les commandes et par le développement des musées ou des théâtres, mais par l’implication croissante du Ministère de la Maison de l’Empereur puis de la Surintendance des beaux-arts. En 1863, l’État s’empare d’autorité des principales prérogatives de l’Académie des beaux-arts – qui lui seront rendues après la chute de Napoléon III.

Yves Bruley, maître de conférences HDR à l’École Pratique des Hautes Études, directeur de France Mémoire

Crédits photos :

Illustration de l’article :

Bannière : Façade latérale de l’Opéra Garnier, du côté de la rue Meyerbeer. Gravure extraite de L’Illustration n°1493 du 7 octobre 1871 © Bibliothèque de l’Institut de France

Bas de page : Promenoir de l’Opéra Garnier. Gravure extraite de L’Illustration n°1493 du 7 octobre 1871 © Bibliothèque de l’Institut de France

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