Louis XIII crée la Compagnie des mousquetaires du roi

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Par Dominique Prévot, chargé d’études documentaires au Musée de l’Armée


C’est en 1622 que Louis XIII fonde la compagnie des Mousquetaires à cheval. De retour du siège de Montpellier, il décide d’organiser en une unité indépendante un groupe de « carabins », des cavaliers armés de la carabine, attachés aux chevau-légers de sa garde.

Un rempart contre les ennemis du roi

Douze ans après le meurtre d’Henri IV, la France est en butte à la révolte des protestants et le roi doit également faire face aux appétits des Grands du royaume. Aussi, garnit-il cette bande des hommes parmi les plus fidèles qui lui sont attachés. Il les arme du mousquet et leur donne comme signe distinctif la fameuse casaque couleur bleue de roi frappée de la croix blanche des Armagnac, symbole de leur fidélité à la couronne. Chargée de la protection du souverain lors de ses voyages, cette troupe devient l’élite de l’armée, le creuset où se forment les officiers. On lui confie des missions périlleuses sur le champ de bataille, ou des tâches délicates dans le domaine de la sécurité intérieure ou du maintien de l’ordre.

Un corps militaire d’élite

Ces mousquetaires sont des fantassins montés. À l’instar des dragons, ils combattent à pied et se déplacent à cheval. Cette double vocation les prépare à mener des combats d’infanterie, notamment lors des sièges durant lesquels ils constituent une infanterie de choc à la terrible réputation. Ils savent aussi mener des charges dévastatrices comme lors de la bataille de Fontenoy (11 mai 1745) où ils participent à l’assaut contre la colonne anglaise.

Cette polyvalence est un atout qui les prédispose à toutes les actions et élève la compagnie au rang d’école d’officier. Les jeunes nobles des meilleures familles du royaume s’y familiarisent aux évolutions et au combat tant à pied qu’à cheval puis trouvent des places dans les régiments de l’armée royale. Ce fonctionnement permet au souverain de disposer d’officiers formés et fiables, il devient plus établi sous le règne de Louis XIV. À partir de 1661, les troupes de sa garde deviennent la Maison militaire, un ensemble auquel il donne une organisation précise et une formation stricte. A partir de ce moment, elle devient l’élite de l’Armée au sein de laquelle sont expérimentées les dernières avancées de l’art militaire. La même année, une deuxième compagnie de mousquetaires est mise sur pied, par transformation d’une unité appartenant jusque-là au cardinal Mazarin. C’est leur âge d’or. Ils accompagnent le « roi de guerre » dans toutes les campagnes et sièges auquel il assiste.

Le lien qui unissait le monarque à ses hommes est incarné à lui seul par Charles de Batz de Castelmore (vers 1611-1673), dit d’Artagnan. Personnage de confiance, il est chargé par exemple de procéder à l’arrestation du surintendant Fouquet (1615-1680) aux États de Bretagne en (1661). Parallèlement à leurs attributions martiales, on assigne comme on le voit aux mousquetaires des missions particulières, matant en Vivarais la révolte du Roure (1670), en Bretagne celle des bonnets rouges (1675).

L’idéal chevaleresque à l’épreuve du feu

Mais cette culture militaire est encore forgée par les idéaux de la chevalerie. Elle se heurte alors aux réalités du combat et au changement des mentalités. En 1673, la mort de d’Artagnan au siège de Maëstricht est vue par certains comme « une témérité de jeune homme » : lors d’une sortie de l’ennemi, il s’était exposé inutilement alors qu’il n’était pas de service. En 1677 encore, à Valenciennes, les mousquetaires outrepassent leurs ordres et emportent la place dans l’élan de leur assaut. Pourtant, le temps des prouesses touche à sa fin. Le roi entend désormais que ses hommes ne soient plus exposés qu’à bon escient. Aussi, lorsque le prince quitte le théâtre des opérations en 1693, pour ne plus y retourner, les troupes de sa garde se font plus rares sur les champs de batailles. Ils y réapparaissent lors de la guerre de Succession d’Autriche (1740-1748) et ne participent pas à la cinglante et coûteuse guerre de Sept ans 1758-1763). En 1776, finalement, le comte de Saint-Germain, secrétaire d’état de la guerre supprime ces dispendieuses compagnies dont l’existence ne se justifiait plus que par un service de prestige auprès du souverain.

Après leur éphémère reformation sous la Restauration, le souvenir de leurs coups d’éclat passés, leur panache auraient pu rester dans un semi oubli, simplement entretenu par les amateurs et les antiquaires. C’était sans compter sur un évènement anodin. Un certain Alexandre Dumas découvre les Mémoires de M. d’Artagnan de Gatien Courtilz de Sandras (1644-1712) dans une bibliothèque marseillaise. À partir de 1844, il leur donne une notoriété qui conquiert le monde entier…

Crédits photos : 

Illustration de la page d’accueil : Mousquetaire du Roy, 2e compagnie, Planche 44 du tome III de “Infanterie et Gardes françaises” vers 1721 A1J7 ; 10851 Delaistre Jacques-Antoine (1690-1765), Paris, musée de l’Armée, © Paris – Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / image musée de l’Armée

Illustration du chapô : Athos, Porthos, Aramis et d’Artagnan bras dessus, bras dessous, après avoir croisé le fer avec les Gardes du Cardinal au couvent des Carmes déchaux. Dessin de Maurice Leloir. ©WikiCommons

Illustration de la notice générale : Mousquetaires de la première compagnie/ Mousquetaires de la seconde compagnie in Recueil de toutes les troupes qui forment les armées françaises dessinées et illuminées d’après nature de anno 1762 BMA10862, NF-AR-REC, Paris, musée de l’Armée © Paris – Musée de l’Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Anne-Sylvaine Marre-Noël

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